Le 24 novembre, jour du professeur de français … Une date à retenir dorénavant.

24 novembre, journée des professeurs de français…, créateurs d’avenir.

 Cette date est donc en vigueur depuis 2019 à l’initiative de la FIPF, fédération Internationale des professeurs de français. Nous sommes 900 000 profs de français, répartis sur les 5 continents, à enseigner la langue de Molière avec passion et engagement.

Voici le message officiel de sa présidente, Cynthia Eid:

Voici ce qu’on a pu lire en introduction de cette journée si particulière dédiée à notre profession: 

«  Les professeurs de français ne se contentent pas d’enseigner une langue, ils ou elles sont aussi des créateurs d’avenir.

Dans certains pays, cela peut être la façon dont on conçoit la langue française, à l’échelle d’une école, d’une ville, de tout le territoire… ou la façon dont l’enseignant de français et son association inspirent les nouvelles générations à apprendre le français. Il peut s’agir aussi de la façon dont les autorités éducatives voient et soutiennent l’enseignement du français ou la façon dont le prof de français et son association interpellent ces autorités éducatives et facilitent l’écriture d’un autre avenir pour l’enseignement du français. »

Si la mobilisation des enseignants n’est pas à mettre en doute, si la volonté politique affichée semble claire et particulièrement offensive, quant est-il  réellement dans les faits? 

Ainsi, nous avons vu le président de la République française prendre un nouvel engagement la semaine dernière, dans un esprit de « reconquête »…

https://www.courrierinternational.com/article/influence-macron-a-la-reconquete-de-l-afrique-la-francophonie-est-la-langue-du-panafricanisme

Mais au-delà des bonnes intentions,  dans la vidéo de l’AIFP, il y est question de la capacité de notre profession à interpeller les autorités politiques quant aux engagements qu’elles ont pu prendre à un moment donné. Voici donc un texte écrit par Monsieur Crispin Mujanayi, professeur à Kinshasa, administrateur d’un groupe important de professeurs de français, qui en dit long sur le fossé qui existe parfois entre les paroles et les actes :  » Conformément au discours d’investiture du Président de la république française en 2017, le rayonnement de la langue française dans le monde ne peut se réaliser que si les enseignants disposent des moyens nécessaires, tant sur le plan matériel ( laboratoire  de langue, bibliothèque, amphithéâtre, moyens audio-visuels … ), que pour le fonctionnement des unités pédagogiques dans les écoles, l’organisation des séminaires de recyclage des enseignants de français dans tous les pays et la collaboration des différents groupes de professeurs de français. » 

Dans les temps troublés dans lesquels nous évoluons actuellement, nul doute que les professeurs de français contribuent un peu partout dans le monde à renforcer le quatrième pilier des objectifs de la Francophonie ( OIF) , à savoir «  promouvoir la paix, la démocratie et les droits de l’Homme ». Ainsi, nous ne savons pas ce que nous semons ici ou là quand nous partageons la langue française à d’actuelles ou futures générations de francophiles. Est-ce que dans 10, 20 ou 30 ans, dans une contrée plus ou moins proche ou lointaine, il y aura le type d’anecdote que je vais vous raconter ici :

Ceci s’est passé à 25 kilomètres de chez moi, dans une petite cité balnéaire du nom de Pornic. Fin août 1944, alors que c’est la débâcle générale pour les allemands un peu partout en France, ici ils continuent de tenir leurs positions dans ce qu’on appelle la poche de Saint Nazaire. Je laisse notre spécialiste local, Michel Gautier, détailler l’événement : «   Survient la journée du 26 août. À 8 h, le maire de Pornic, Fernand de Mun, est appelé par le commandant allemand Meyer, qui contrôle la place de Pornic. Deux soldats allemands auraient été tués et un officier blessé pendant la nuit, lors d’une opération de recherche d’un résistant pornicais, Maurice Pollono. En réalité, seul un officier a bel et bien été blessé, mais le capitaine Meyer annonce de lourdes représailles : la ville sera bloquée et la commune doit constituer une liste de 20 otages, tant que les « terroristes » à l’origine de ces événements ne se dénoncent pas. » 

Ce qu’il faut savoir c’est qu’à l’époque, il y avait eu  des rencontres entre Rostislaw Loukianoff, photographe installé à Pornic et son compatriote, le major Potiereyka, un colonel de l’Armée Vlassov, né comme lui à Kiev et commandant un escadron du 752ème bataillon d’artillerie des Osttruppen appartenant à la 275ème division d’infanterie allemande cantonné dans le secteur de Pornic au moment où se forme la poche sud de Saint-Nazaire. 

C’est donc Raymonde Loukianoff, sa femme, qui interviendra auprès du major pour faire libérer les otages : « À midi passé, elle couche Boris dans son landau, rassure Yannick et descend avec ses enfants vers le port en compagnie des centaines de Pornicais répondant à l’ultimatum de Meyer de se rassembler place du Môle. Chaque Pornicais dénonçant quiconque ayant agi contre les Allemands, délivrera l’un des 20 otages de la place. Si personne n’est désigné, « le feu sera mis aux quatre coins de la ville ». Très vite, la liste d’otages est établie : maire, adjoint, conseillers municipaux, le curé lui-même, entre autres, s’inscrivent comme volontaires, et Meyer complète la liste. À 13 h, comme convenu, la foule est rassemblée, terrorisée, canons et mitrailleuses allemandes braqués sur elle. »

L’épilogue de cette histoire n’aura lieu que le lendemain après des heures terriblement angoissantes où des tractations vont permettre la libération des otages puis le départ définitif de l’unité commandée par Meyer… 

Quel rapport avec notre sujet du jour me direz-vous? Et bien peut-être sans doute le fait que Raymonde Loukianoff ait pu s’exprimer dans la langue du major Potiereyka et que celui-ci soit un francophile … 

Voici le lien vers le site qui raconte cette histoire en intégralité : 

http://chemin-memoire39-45paysderetz.e-monsite.com/medias/files/raymonde-loukianoff-figure-discrete-de-la-resistance-pornicaise.pdf

Les professeurs de langue étrangère, quelle qu’elle soit, sont des vecteurs de paix en puissance, parfois même sans le savoir, alors  qu’il leur soit donné les moyens d’agir dans une dynamique de plurilinguisme et d’ouverture culturelle à l’autre.

Et enfin, pour celles et ceux qui ont lu jusqu’au bout ce long article, voici la récompense finale avec le magnifique hommage de Dany Laferrière, écrivain et académicien, à son propre professeur de français :